Nous relayons ici un communiqué publié sur le site http://zad.nadir.org
» Rémi a été tué par la police dimanche 26 octobre d’un tir de grenade offensive. Ce qui lui est arrivé aurait pu arriver à n’importe lequel d’entre nous, n’importe où. Quelques jours plus tard, dans la nuit du jeudi 30, dans les quartiers nord de Blois, un jeune homme a été éborgné par un flashball républicain. Samedi à Nantes un manifestant prend un tir de flashball en pleine face qui lui arrache le nez. Combien de fois encore faudra-t-il que l’histoire se répète ?
Nous ne réclamons ici ni la condamnation du flic qui a tiré, ni la démission d’un préfet ou d’un ministre de l’intérieur. Pour que la mort de Rémi résonne partout et provoque un véritable mouvement, nous proposons de s’organiser localement et nationalement contre les infrastructures du maintien de l’ordre.
Ce sont ces infrastructures qui rendent possible le terrorisme d’Etat auquel nous sommes confronté dans les quartiers populaires comme dans les luttes sociales. Ce sont ces infrastructures qui organisent l’occupation policière de nos territoires et de nos existences. Ce sont encore elles qui se déploient lorsqu’un mouvement de contestation ou d’opposition s’aventure en dehors des sentiers balisés de l’impuissance.
La France se trouve être experte en maintien de l’ordre, en neutralisation de toute tentative de soulèvement. Elle exporte mondialement son savoir-faire, ses armes, et forme de nombreuses polices étrangères. Elle participe ainsi de l’écrasement de multiples mouvements à travers le monde, comme lors des insurrections du Printemps arabe de 2011. A l’époque Michèle Alliot-Marie ne se vantait elle pas de fournir l’expertise française en matière de contre-insurrection au régime de Ben Ali ? Paralyser les infrastructures de la police, c’est poser un geste qui, au-delà du territoire national, vient appuyer tous celles et ceux qui partout s’organisent pour lutter et essuient les tirs de munitions françaises.
Les usines qui fabriquent les grenades, les uniformes, et l’équipement de la police, ses véhicules et sa propagande télévisée, les plateformes logistiques qui organisent le ravitaillement des unités, toutes sont pour nous des cibles. Au delà des débordements et des affrontements ponctuels, la permanence de la bande armée appelée police nationale repose sur ces dispositifs.
L’annonce de la suspension provisoire de l’usage d’un certain type de grenades offensives ne provoquera pas de retour au calme. Ce qui est en jeu dans le mouvement né le 25 octobre, c’est de désarmer la police. Flashball, Tasers, grenades assourdissantes, ont suffisamment mutilé, blessé ou tué ces dernières années.
Nous ne sommes plus à l’époque de Malik Oussekine ou de Vittal Michalon1. Aucun syndicat, aucune organisation de gauche n’a appellé à descendre dans la rue suite à la mort de Rémi. Ils en ont tellement peur, de la rue, qu’ils sont réduits à organiser des manifs virtuelles comme celle proposée par EELV, (#occupysivens) .
Qu’y a-t-il à attendre des « indignés » qui « condamnent la violence des deux cotés » en omettant soigneusement de préciser qu’un camp dispose d’armes de guerres et l’autre quelques pierres ? Qu’un côté tue et que l’autre exprime sa rage en brisant des vitrines ? A l’heure où la gauche se décompose, où l’extrême droite tient le haut du pavé , pourquoi n’y a t-il aucune réaction des partis politiques de gauches, des associations et des syndicats suite à cet assassinat policier ?
Cette semaine, spontanément, 90 rassemblements ou manifestations se sont organisés dans une soixantaine de villes. C’est à cette puissance autonome, en devenir, que nous adressons cet appel. L’émotion collective exprimée par la rage comme par le recueillement, est légitime mais ne suffira pas à changer la donne.
Nous appelons à une stratégie à plus long terme, consistant à harceler et enquèter sur tous celles et ceux qui fournissent la répression, à perturber tous les moyens techniques qui lui permettent de s’armer, se déplacer, se ravitailler, et plus encore. Ces objectifs acceptent une diversité tactique correspondant aux moyens et aux limites de chacun-es. Concerts de casseroles devant les commissariats et les gendarmeries, harcèlement verbal des patrouilles, recours juridiques contre les armes de la police, sabotages, manifs de rues, c’est l’emploi simultané de tous ces moyens qui parviendra à rétablir un rapport de force favorable contre la police, dans nos quartiers comme dans nos luttes.
Un appel sera bientôt lancé pour organiser des rassemblements devant les usines de munitions de la police. Une liste de lieux stratégiques sera également diffusée bientôt. Ceci est une proposition stratégique que nous adressons à toutes celles et ceux qui se rassemblent, agissent et s’organisent pour qu’à cet assassinat policier de plus, réponde un mouvement d’ampleur nationale. «
Source: http://zad.nadir.org/spip.php?article2713