Enguerrand en grève de la faim contre l’acharnement du ministère public

Enguerrand en grève de la faim contre l’acharnement du Ministère public

Aujourd’hui 13 novembre 2014, Enguerrand entame une grève de la faim. Vendredi dernier, il a vu sa demande d’aménagement de peine acceptée par la JAP (Juge d’Application des Peines).

Il aurait du sortir hier, sous bracelet électronique, et commencer à travailler à partir de lundi. Sa libération a toutefois été suspendue par le parquet, qui fait appel au prétexte qu’il n’a pas travaillé entre janvier 2013 et son incarcération.

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Et pourtant, Enguerrand travaille en prison, et il a pour lui les avis du SPIP (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation) et de la pénitentiaire : le dossier rêvé.

Cette décision politique soulève deux paradoxes :

Le procureur, par sa décision, empêche Enguerrand d’occuper l’emploi qu’il avait décroché au motif qu’il n’aurait pas travaillé pendant un an.

Le ministère public se déjuge en allant bien au-delà de la peine qu’il avait requis lors du procès du 1er avril, à savoir 6 mois ferme. Cela va faire 7 mois et demi qu’Enguerrand est sous les verrous.

La date d’appel n’est toujours pas connue.

Comité de soutien à Enguerrand

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21/07/2014

« N’ayons pas peur de résister » – Lettre de prison d’Enguerrand 2/2

Âgé de 23 ans, ce papa d’une petite fille de un an, a été condamné le 1er avril 2014  pour avoir jeté un fumigène lors du rassemblement anti-aéroport du 22 février à Nantes.

enguerrand naonedEnguerrand avec sa petite fille la veille de la perquisition. Photo : M. 30/03/2014

Maison d’Arrêt de Nantes-Carquefou, le 26 juin 2014

3 mois.
Quand ces mots seront lus, cela fera un peu plus de 3 mois que je suis enfermé. Le temps passe, et commence à paraître long.

Le temps.

Cette société qui considère que « le temps, c’est de l’argent » – où tout doit toujours aller plus vite – cette société donc, n’a trouvé comme punition sournoise que celle de faire perdre leur temps à ceux qui ne jouent pas dans ses règles.

Sauf que le temps qui passe, que l’on passe ici, ce n’est pas de l’argent que l’on perd, ou que l’on ne gagne pas, ce sont nos vies qui s’écoulent, sans vraiment être vécues.

En essayant de voler notre temps, c’est nos vies qu’ils tentent de s’approprier.

Alors, pour résister à ce vol, il faut occuper son temps de manière constructive, afin qu’il ne soit pas complètement perdu. L’occuper, plutôt que de vouloir le tuer :

Tuer le temps, c’est gober cinq cachets par jour, fumer trois ou quatre joints et regarder la téloche.
Utiliser son temps en occupant son esprit, c’est lire, écrire, apprendre… ou encore éplucher le Code de Procédure Pénale, pour les emmerder avec leurs propres règles qu’ils ne sont même pas foutus de respecter.

Chaque seconde passée de manière constructive est déjà une évasion en soi. Et, aussi symbolique soit-elle, c’est toujours une petite victoire. Silencieuse, invisible – le perdant lui-même n’est pas informé de sa défaite, lui qui se croit si fort.

Et il ne l’aime pas, la défaite.

Ils n’ont pas aimé que, le 22 février, pendant plusieurs heures, nous ayons résisté, prouvé que c’était possible face à cette police militarisée ; redonné des aspérités à cette ville aseptisée.

Ils n’ont pas apprécié d’avoir échoué à nous diviser, à nous opposer les uns aux autres selon nos modes d’action.

Après avoir blessé nombre de camarades le 22 février, le temps des procès a suivi. Ils ont cherché à nous intimider avec les peines de prison, qu’elles soient fermes ou avec sursis.

Plus que de punir les actes des inculpés, il s’agit d’instiller la peur parmi ceux qui luttent, les dissuader de continuer. S’ils veulent que nous ayons peur, c’est qu’ils nous craignent, qu’ils craignent la force qui se dégage de nos luttes. Cette force qui pourrait balayer leur vieux monde absurde.

N’ayons pas peur de résister, de lutter jusqu’au bout, peu importe ce que cela implique. La croyance dans le fait que nous luttons pour une cause juste est plus forte que leurs menaces.

Si nous ne nous laissons pas terroriser, la victoire est certaine.

À un de ces quatre sur les barricades !

Engué

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