Texte reçu par mail:
À propos de l’attaque de Charlie hebdo.
Un petit commando fait irruption mercredi matin (7 janvier 2015) dans les locaux de Charlie Hebdo et massacre 10 personnes et deux flics. D’après ce qu’on entend sur les vidéos : « Allahu akbar », « On a vengé le prophète Mohammed », il apparaît que se sont des combattants islamistes (sans plus de précision). Aussi, il semble évident que l’attaque a un lien avec la publication de la caricature de Mohammed par Charlie hebdo il y a quelques années, ainsi que d’autres publications plus récentes. S’ensuit une chasse à l’homme surmédiatisée ou les journalistes communiquent plus de détails et d’hypothèses sur qui sont les attaquants et les organisations dont ils pourraient se réclamer. La traque se termine, après un massacre et une prise d’otages dans une supérette casher et l’assaut d’une imprimerie ou se sont retranchés deux membres du groupe. Après fusillades, les membres du groupe sont abattus (ce qui commence à ressembler à un rituel médiatique de mise à mort par l’état, depuis Mohammed Merah).
Pour le commando, l’attaque comportait, à mon avis, plusieurs intérêts :
-Considérant que la publication d’une caricature de Mohammed est un sacrilège et un acte de guerre, ils répondent par un acte de guerre et lavent l’affront dans le sang en abattant les responsables directs.
-Un attentat sur le sol français compris comme un acte de guerre a du sens dans le contexte des rapports conflictuels entre l’état français et l’état islamique (on a parlé également de liens avec Al Qaida Yemen, pour un des membres du groupe).
-Un journal est une excellente cible : Dans une logique de terrorisme publicitaire ou spectaculaire, ce sont les médias qui relaient l’action et déterminent son impact sur une société en faisant du bourrage de crane ou en restant discrets. Or les journalistes détestent plus que tout que l’on s’en prenne à l’un des leurs et l’affaire prend toujours une place énorme dans les médias (Les journalistes otages par exemple) .
-De plus, dans le contexte actuel en France, attaquer un journal (de gauche qui plus est) provoque un tollé général. Défense de la « liberté d’expression » et « liberté de la presse ». Lutte contre la « barbarie » et « l’ obscurantisme », « union sacrée »des « démocrates ». Le tout baigné dans une ambiance de fascisation de la société et de racisme déguisé en défense de la laïcité. Cela a pour effet d’attiser les tensions et de renforcer la discrimination à l’égard des musulmans et même de tous les « basanés ». Depuis mercredi, il y a d’ailleurs, eu plusieurs actions de terreur à l’encontre des musulmans (Coups de feu et grenades lancées sur des mosquées…). Plus généralement, une ambiance de tension et de racisme est palpable. L’augmentation de la bêtise, de la peur, de la haine et du racisme est positive pour les islamistes – comme pour tous les fachos– car ils peuvent espérer rallier de nouveaux militants.
Sur ce dernier point, le commando islamiste est, bien que leur ennemi, l’allié objectif de différents protagonistes dont les intérêts sont servis (momentanément, pour certains) par ce qu’on appelle la stratégie de la tension.
L’appareil d’état français peut faire monter le plan Vigipirate d’un cran, tester de nouvelles méthodes de répression et augmenter sensiblement la surveillance policière sur tous. Faire passer de nouvelles lois antiterroristes. Mettre en taule encore plus facilement pour des propos (Apologie du terrorisme). Censurer et fliquer d’avantage internet… Cela ne se heurtera à presque aucune opposition car nous sommes tous de gentils démocrates partageant les mêmes intérêts et unis contre d’ignobles barbares totalitaires.
Il n’existe plus d’exploitation, de classes sociales, d’intérêts antagonistes, d’oppression policière. Il n’existe plus que la défense de la démocratie et de la liberté d’expression. Avec le choc, la tristesse et la peur on arrête de penser. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle l’usage de la terreur est une arme de guerre (utilisée dans la plupart des conflits et par tous les belligérants).
De nombreux partis politiques sont ,eux aussi, bien évidemment contents de l’augmentation de la tension qu’ils exploitent à des fins électorales. (Ump, Fn, Ps…).
Les groupes et sectes fascistes flottant dans la nébuleuse du FN (Bloc identitaire, Dissidence, Égalité et réconciliation…) se nourrissent de la confusion, de la peur, de la bêtise et de la haine, à partir de quoi ils développent leurs discours, du nationalisme le plus réactionnaire aux théories du complot les plus timbrées. La situation et donc inespérée pour eux. Ils vont l’exploiter au maximum pour s’engraisser et déverser leur poison.
De son coté, le gouvernement français peut créer l’illusion de l’unité face à un ennemi « absolu », un « axe du mal » et ainsi faire passer au second plan les conflits sociaux, la crise, la répression et les violences de sa police… Il peut espérer faire remonter sa côte de popularité, tant nationale qu’internationale, avec la promotion de « l’union sacrée » sous la bannière du chef de guerre Hollande. (ce qui dans les derniers jours a plutôt réussi, c’est le moins que l’on puisse dire.)
Les entreprises produisant ou pourvoyant de la « sécurité », ainsi que leurs actionnaires se frottent également les mains…
L’état, sa démocratie, ses partis et groupes fachos « dissidents » les entreprises, leurs patrons et actionnaires comme les djihadistes veulent que le conflit se jouent entre eux. Qu’il n’y ait rien d’autre. Comme si, nous, sujets du capitalisme et de l’état, n’avions le choix qu’entre le libéralisme sous la « démocratie » et le libéralisme sous la charia.
Je ne pense pas que les patrons et l’état soient moins nos ennemis que les islamistes. Et ce n’est pas parce que des bouchers fachos cul-bénis ont massacré des gens parce qu’ils étaient anticléricaux, qu’il faut aller grossir les rangs d’autres bouchers fachos cul-bénis (aux mains apparemment propres) en chantant l’unité, la démocratie et la liberté de la presse. Ce type d’action terroriste et l’opposition qu’il suscite se jouent comme un spectacle. Dans ce spectacle on n’agit pas, ou on assiste à la mise en scène, ou alors, on est des figurants servants des intérêts qui ne sont pas les nôtres. Qui vont contre les nôtres. Le terrorisme spectaculaire, et la lutte spectaculaire contre le terrorisme ne sont que des pratiques de pouvoir et de contrôle.
Pour lutter contre la brutalité réactionnaire et espérer la vaincre, il faut nous organiser à la base contre toutes ces forces qui régissent nos vies ou essaient de nous les dicter:
Les religions qui par leur structures et leurs morales ne cherchent qu’à nous soumettre et à nous résigner à accepter l’ordre des choses tel qu’il est. Le capitalisme et ses bourges qui nous exploitent et nous aliènent avec leur culture de vide, leurs races et leurs genres. L’état qui nous opprime, ses politiques qui nous montent les uns contre les autre sur la base de fausses oppositions et ses flics de toutes professions qui nous enferment et nous tuent.
Il faut relever la tête, nous organiser et lutter. Pour arrêter de subir ce triste spectacle et vivre, pour exister, on n’a pas le choix.